Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer semblent revivre des événements importants et se replonger dans des rôles significatifs de leur passé. Cela serait en lien avec une certaine préservation de la mémoire rétrograde autobiographique.
Quand j’ai rencontré Mme D. pour la première fois, j’ai trouvé que c’était une dame charmante. Mme D avait été infirmière chef pendant des années avant de prendre une retraite bien méritée passée à pratiquer la voile et voyager.
J’ai accompagné Mme D. pendant près de deux ans, à raison de deux à trois fois par semaine.
Mme D. me parlait souvent de ses parents, de sa maison d’enfance située dans le Bas St-Laurent, de ses nombreux frères et sœur…de sa vie de famille, du poêle à bois dans la cuisine, de sa mère qui jouait du piano, des balades en cariole et des longues marches pour se rendre è l’école du rang.
Mme D. ne se lassait pas de me raconter ces souvenirs, encore et encore, entre deux ou trois chansons qu’elle aimait fredonner.
Le jour est venu où Mme D. avait plus de difficulté à me raconter ses souvenirs, le langage étant affecté par la maladie. C’est là que j’ai sorti un magnifique livre de sa bibliothèque, un livre écrit pas sa sœur sur l’histoire de leur famille.
Tout en buvant notre thé et en savourant le moment présent je me suis mise à lui raconter les souvenirs qu’elle m’avait jadis racontés si souvent.
C’était si beau de la voir sourire…de l’entendre dire ‘’c’est vrai…’’, ‘’ oui, je me rappelle!’’ De m’écouter en fermant les yeux…en ajoutant ‘’continue…’’
Le fait de raconter ses souvenirs d’enfance rendait Mme D. heureuse, la rassurait et aidait à diminuer son anxiété. Chez d’autres personnes atteintes de la même maladie, on note que cette même approche peut avoir l’effet contraire : le retour en arrière peut être facteur d’anxiété et on appliquera alors une approche différente. Il n’y a pas de solutions toutes faites et il ne faut surtout pas forcer un type d’intervention auquel la personne aidée n’est pas réceptive. Chez ÉduCASA, notre accompagnement est toujours personnalisé aux besoins, aux capacités et aux intérêts de nos clients.
Un jour, Mme D est partie pour son dernier repos…Les doux moments passés en sa compagnie resteront gravés dans mon cœur pour toujours. En vous partageant une partie de ceux-ci aujourd’hui, c’est une façon pour moi de les faire revivre et de rendre hommage à cette grande dame.
Mme D. fut l’une des premières personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer que j’ai accompagnées et c’est à son contact, entre autres, que mon amour pour cette clientèle est né.
Nadia Tremblay
Fondatrice d’ÉduCASA